dimanche 14 octobre 2007

Une journée de merde.....et de pluie

Une de mes grandes fiertés est que je suis du genre prévenant, certain diront emmerdeur ou ka3rer et mea culpa, c’est ce que je deviens quand justement mes prévisions se concrétisent et que je fais malheureusement partie du mauvais plan « prévu » si j’ose dire…..

C’est ce qui m’est arrivé aujourd’hui en allant voir jouer l’espérance sportive à el menzah…

Après une grâce matinée, petit déjeuner essentiellement composé de café/baklawa, j’ai pensé à aller voir le match au stade, j’ai auparavant lancé un coup d’oeil au ciel qui était un peu nuageux, c’est alors que le prévenant que je suis, a décidé de d’évincer le programme « journée à el menzah » en faveur de « flâneries et service minimum », c’était bien sur, sans compter sur la proposition de mon père,une proposition du genre « an offer u cannot refuse »…

Mon père : aya timchi titfarrej fil mkachkha !!

Moi : wallahi khammamt ama apparemment ichté bech tsobb

Mon père : na77i 3lik ya rajel jamais ken bech tsob ichté orzer lis7ab kifech yijri famma barcha ri7

Moi : za3ma ????

Mon pere : aya barra ilbes dabchek ou haya nimchiou

Moi : yallah !!

Le temps de porter un pull (la belle affaire) et une vielle paire d’espadrilles, un choix qui s’est révélé extrêmement judicieux, et nous voila en route vers le stade …..

Revenons un peu sur mon père, qui est un pur produit du sud, grande gueule tête, de mule et surtout champion toutes catégories du la plus célèbre spécialité du « Jerid », j’ai nommé « itka3rir »(ne vous méprenez pas il a beaucoup de qualités quand même, il m’a conçu a titre d’exemple), mon cher paternel, après une retraite bien méritée a décidé d’avoir une passion, ça ne sera ni la pêche, ni les cartes ni la « chicha », ni les femmes (fort heureusement pour ma mère) mais une équipe de foot, l’Espérance Sportive de Tunis, alors malgré ses 60 piges passés il ne rate aucune partie, aucun déplacement, suit les joueurs, les transferts , les crises et les potins et tout ce qui tourne autour du microcosme du foot et spécialement « la dawla », bon moi perso j’aurais préféré qu’il fasse un pèlerinage ou qu’il s’occupe un peu plus de ma mère mais après tout c’est sa vie il en fait ce qu’il veut…..

Bref mon père et moi nous sommes allés au stade et avant même que le match commence la pluie fait des siennes et le ciel se déchaîne, nous nous réfugions sous les gradins et là :

Moi : décampons !! Il pleut des cordes et le match sera sûrement suspendu !!

Mon père : jamais la pluie va cesser et le match n’a même pas été arrêté

Moi : ok chef c’est toi qui voit…

10 minutes après l’espérance marque….

Mon père : tu vois je t’avais dit le jeu continue « we jeam3ia reb7a »personne ne partira

Moi : je persiste à croire que le match va être suspendu et que nous devons partir, le plutôt sera le mieux…

5 minutes après le match est arrêté et il pleut encore des cordes…..

Mon père : partons !!!!!

Moi : je te l’avais dit !!!

Mon père : ce n’est pas le moment de discuter !!!

Les portières étaient encore fermées mais heureusement des supporters « civilisés et bienveillants » fracassent le portail et nous voila dehors…

Mon père : à gauche

Moi a droite : nooon à droite

Mon père : tu me suis ou quoi ????

Moi : ok chef c’est toi qui voit…

C’est alors et après 1km de marche dans un déluge d’eau pluviale aux odeurs merdiques que nous nous trouvons derrière le centre de médecine du sport situé à la cité olympique….

Moi : mais on est loin de la « citma »là ???? (C’est là où nous avons garé la voiture)

Mon père (il fait une gueule d’octogénaire): attends je vais arrêter une voiture de toute façon, je commence à fatiguer

Moi : mais non allons y a pied !!!

Une voiture s’arrête…

Mon père :salamou 3alaykom t9arbouna mi citma ????

L’automobiliste : ok hajj !!!!!(En temps normal cette appellation aurait attiré ses courroux mais à situation d’exception, comportement d’exception)

Moi : ti akhtana billehi !!!

Mon pere : quel couillon tu monte ou pas !!!!

Moi : (enragé) ok !!!

Apres 4 minutes de route ….

Mon père : où on est là

Moi : la buée m’empêche de voir ché pas.

Mon père demande à l’automobiliste…

Mon père : on n’est pas arrivés à la citma ???

L’automobiliste : citma ??? C’est où ça ??? Nous sommes sur l’autoroute de la chraguia !!!

Mon père : quoi !!!!

L’automobiliste : ben moi je viens de Nabeul je connais pas trop le coin je croyait que vous alliez vers Tunis centre ville !!

Moi : khitmet ya bin 3rouss !!!!!!

Nous descendons prés d’une station service sur la route…

Mon père : quelle merde !!! Alors toi !!!! Tu apporte la poisse mon vieux !!

Moi : la poisse te suggère d’appeler quel qu’un nous chercher sinon nous allons faire une hypothermie (nos fringues était hyper trompés).

Mon père : appelle ton frère ou ta soeur pour qu’ils viennent nous chercher !!!

Moi : ok chef c’est toi qui voit…

Ma pauvre sœur vient après 10 minutes…

Moi : rentrons à l’Ariana, rentrons à la maison

Mon père : non il faut d’abord que je récupère la voiture

Moi : ya wildi bech ntball3ou rahou ki narj3ou li citma

Mon père : oskott 3lina ya jaban !! Aya 3ayech binti !!

Ma sœur : ti normal chbikom dkhaltou b3adhkom j’ai vu pire quand j’allait à l’ESC à la Mannouba je suis habituée à conduire dans ces conditions

Mo père : tasma3 fi okhtik essghira ya 9nannou!!!!

Moi : ok on verra ya « aba 9nannou »

Nous passons par mont plaisir, khairiddine pacha, une canalisation d’eau éclate et un oued immerge, en l’espace de 30 secondes l’eau dépasse le capot de la voiture et arrive au niveau du pare brise….

Moi : ya ra7mene ya ra7im !!!

Mon père : vas y vas y ne t’arrêtes surtout pas !!!!

Moi : le moteur va lâcher..

Ma sœur : j’ai vu pire à Mannouba les mecs !!! Ne vous prenez pas la tête je suis aux commandes.

Mon père : ça c’est ma fille !!!!

Moi : ta fille confond voiture populaire et paquebot !!!

Arrivés au niveau de place pasteur la police bloque le passage à el menzah 1, apparemment un autre oued « s’est auto déclaré »….

Mon père : faisons le détour par mutuelle ville

Moi : ya walla 7asla

Ma sœur : billehi tsawrou ma jitkomch

Moi : ti wa9tha li7keya hedhi !!!!

Mon père : dour min chiret dar 3ammek 7mid

Ma sœur : ok

Nous arrivons à un croisement…

Moi : à droite

Mon père : non direct !!!!

Moi : regardes la rue devant est submergée par l’eau en plus elle est opaque peut être même qu’il y a des faussées.

Mon père : Non je connais le coin vas y ma fille chaud devant !!!

Ma sœur (se croyant au rallye des gazelles) : yallah !!!!

Et là, mes prévisions les plus obscures se sont concrétisées, au fur et à mesure que nous avançons l’eau monte a vitesse grand v je ne vois plus le pare choc qui était totalement submergé et l’eau commence même à filtrer par les portières …..

Moi : ça y est « 7ossila ma fi soudour »

Ma soeur : ya latif, ya latif

Mon père : dhaherli mich hethi il7ouma illi na3rafha !!!

Un silence religieux s’installe durant 3 secondes, et miracle (j’ai vraiment appris le sens de ce mot après avoir vu la polo de ma sœur de 10 piges franchir le « lac Titicaca ») nous avons passé la rue sans que le moteur lâche.

Au bout de la rue les riverains nous préparent une « welcome ceremony »

Riveraine : nous avons quitté nos maisons a cause de l’eau et vous, en passant vous avez crée des vagues qui vont faire plus de ravages, bande de cons !!!

Ma sœur : désolé madame nous n’avons pas fait ça exprès

Moi : bande de con ???? A qui t’adresse tu vielles peau !!!

Mon père : tais toi ! Elle a raison sa maison est sous l’eau, faut la comprendre la pauvre !!!

Moi : pauvre !! On n’est pas a sidi 7sin quand même…

Arrivés enfin à el Menzah 1 nous retrouvons la cité maudite de citma et la voiture de mon père avec, mais le périple est loin d’être fini le cortège composé de la voiture de ma soeur et de celle de mon père avance en terre hostile et boueuse, arrivés sous le pont séparant El Menzah de l’Ariana nous sommes tombés dans un guet-apens nommé « Ariana Ejdida », la cité est submergée par les eaux et les « toonizien » adoptent la conduite à l’anglaise (tout le monde roule en sens inverse) pour résumer, un paysage de désolation et de chao s’est installé, « A Arianaton hedhihi am karbalé » comme dirait feu Nizar Al Kabbeni , bref après quelques goujateries sur la route et des rafales d’insultes qui fusaient des gens (aspergés à chaque passage de voiture), nous arrivons à la maisons vers 18 heures, c’est dire plus de trois heures pour faire un trajet qui dure 10 minutes à tout casser et c’est en franchissant la porte de la maison que mon père me sort :

Mon père : bilehi kolli ken mejitech ena m3ak chkont ta3mil lioum !!!!

Moi : 7att chai, rabbi yfadhlek….. .

Ma sœur : wouah !!!! Wena nsitouni…

Moi : rabbi yfadhalkom izzouz….

Billehi que dire de plus, bref une autre journée à oublier dans la planète toonizie…..

PS : une pensée spéciale aux victimes réelles de cette journée qui ont payés de leurs vies le fait d’être au mauvais endroit au mauvais moment allah yar7amhom et puisse dieu consoler la peine de leurs familles et proches.

4 commentaires:

Majhoula a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
BIGwal a dit…

simply MERCI pour tes encouragements ami marcocain :)

Majhoula a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
rasta_raf a dit…

héhé super récit ! jadorel es dialogues pere fils